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Tech Alert, troisième conférence du cycle Efrei x Le Figaro
18 Juin 2025
Vie de l'école
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Signaux extraterrestres : mythe ou science ? Retour sur la conférence Tech Alert

Le 12 juin dernier, Efrei et Le Figaro ont organisé la troisième conférence Tech Alert autour d’un sujet de recherche interdisciplinaire passionnant : la recherche de signaux extraterrestres. Autour de Guillaume Moralet, journaliste et animateur chez Le Figaro, trois experts ont apporté leur éclairage :

  • Frédéric Courtade, directeur du GEIPAN (CNES)

  • Hervé Cottin, professeur des universités à l’UPEC/LISA et président de la commission d’exobiologie de l’International Astronomical Union (IAU)

  • Caroline Freissinet, chercheuse CNRS en sciences planétaires et astrochimie au Laboratoire Atmosphères & Observations spatiales (LATMOS)

La fascination humaine pour les signaux extraterrestres : entre science et fiction

Depuis les années 60, l’ufologie (l’étude des OVNIs et des phénomènes inexpliqués) a conquis une large communauté. Fascinée par la possibilité de contacts avec d’autres civilisations, cette discipline a souvent emprunté des chemins idéologiques plus que scientifiques.

Le succès de l’ufologie repose sur un imaginaire collectif alimenté par la littérature, le cinéma et les témoignages spectaculaires. Pourtant, comme le rappelle Frédéric Courtade, la science préfère s’appuyer sur des preuves tangibles et vérifiées plutôt que sur des récits subjectifs.

La méthodologie scientifique : la rigueur avant la spéculation

Pour séparer les faits des croyances, le GEIPAN (Groupe d’Études et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non identifiés) joue un rôle clé. Créé en 1977 et intégré au CNES, il publie depuis 2008 des enquêtes détaillées, accessibles à tous, sur son site.

Chaque témoignage est analysé avec une méthodologie stricte : recueil de données, expertise d’enquêteurs bénévoles formés, comparaison avec des phénomènes connus. Selon Frédéric Courtade, environ 3 % des cas restent non identifiés, mais cela ne signifie pas qu’ils proviennent d’une intelligence extraterrestre.

Chercher la vie ailleurs : exobiologie et astrochimie en action

Au-delà des signaux, une question fondamentale reste : la vie existe-t-elle ailleurs ?

L’exobiologie cherche à comprendre les conditions d’apparition et d’évolution de la vie, aussi bien sur Terre que sur d’autres planètes. Comme le rappelle Hervé Cottin, il n’existe pas à proprement parler « d’exobiologistes » : cette discipline exige un savant mélange de compétences en astrophysique, chimie, optique ou encore ingénierie.

De son côté, l’astrochimie, domaine de recherche de Caroline Freissinet, se concentre sur l’étude de la chimie du système solaire et la recherche de molécules organiques, possibles traces de vie. Ces scientifiques travaillent à identifier des signatures chimiques qui pourraient trahir la présence d’une activité biologique, même microscopique.

Il faut aussi rappeler que pendant 2,5 milliards d’années, la vie sur Terre n’a pas laissé de traces visibles depuis l’espace. Imaginer détecter la vie ailleurs nécessite donc une extrême prudence scientifique.

IA et technologies avancées : de l’analyse à la découverte

Les missions spatiales modernes, comme Curiosity ou Perseverance, utilisent déjà des technologies de pointe capables d’analyser des échantillons sur place, de prendre des images haute résolution, et même de se déplacer de façon autonome.

L’intelligence artificielle joue un rôle essentiel pour traiter la masse de données collectées, affiner les hypothèses et orienter les analyses. Toutefois, comme l’explique Caroline Freissinet, les IA actuelles restent limitées par le manque de données fiables et massives pour être entraînées efficacement.

La conception et l’exploitation de ces outils nécessitent des ingénieurs hautement qualifiés : spécialistes en optique, experts en traitement du signal, ingénieurs mécaniques et roboticiens. Ces profils travaillent ensemble pour développer des technologies capables de fonctionner à des millions de kilomètres, dans des conditions extrêmes.

Trois experts répondent lors de cette conférence organisée à l’Efrei.

Une découverte qui bouleverserait notre vision du monde

Découvrir une forme de vie, même microscopique, ailleurs que sur Terre serait un bouleversement comparable au premier pas de l’Homme sur la Lune. Cela remettrait en question notre place dans l’Univers et nos certitudes sur l’unicité de la vie terrestre.

Caroline Freissinet résume ce vertige scientifique et philosophique :

Si la vie existe ailleurs, alors la Terre n’est plus une exception. C’est un tournant pour la science — et pour l’humanité.

Ainsi qu’elle le rappelle, la recherche de vie au delà de sa présence sur Terre relève également d’une quête existentielle : comprendre les origines de la vie et ses possibles variations. Pour y parvenir, il faut oser aller chercher au-delà du connu, tout en approfondissant notre compréhension de la vie sur Terre.

La conférence Tech Alert de l’Efrei et Le Figaro a permis de replacer la recherche de vie extraterrestre dans un cadre rigoureux et scientifique. Loin des fantasmes hollywoodiens, les experts rappellent l’importance de la méthode, de la patience et de la collaboration interdisciplinaire.

Étudiants, futurs ingénieurs, chercheurs ou journalistes : tous peuvent trouver dans cette quête une source d’inspiration et un terrain d’innovation unique.

La vie ailleurs n’a pas encore été détectée, mais la science continue de progresser, pas à pas, signal après signal.

Crédit photos : EPS